La chasse ... Instant où le dragon se retrouvait face à lui-même, face à ses propres forces. Depuis que le bleuté avait été frappé de cette malédiction, le doute s'était emparé de lui. Il avait oublié ce dont il était capable. Il avait oublié comment s'était déroulé sa première chasse, à quoi ressemblait sa première prise, ses erreurs aussi ... Tant de souvenirs qui, a première vue ne représente pas grand-chose. Mais pour un jeune dragon quasi adulte amnésique c'était important ! Il ne savait presque plus comment procéder. Mais, un peu plus tôt dans la journée sa fierté avait pris le dessus sur toutes ses hésitations et l'avait poussé à partir à la chasse. Certes, Möe n'avait plus de souvenirs mais, il comptait s'en créer de nouveaux. Et donc voilà pourquoi il est là, à l'ouest de l'empire en train de survoler les campagnes qui ne présentaient aucun signe de vie.

La brise était légère et l'oeil du dragon vif et alerte au moindre mouvement au sol. Ces campagnes sauvages dénuées de sentier ne le rendaient pas heureux mais, lui faisait plaisir. Au moins quelques endroits sur cette terre avaient été épargnés des hommes et de toutes leurs constructions. D'ailleurs le bleuté n'appréciait que modérément les villes : trop de monde et trop de bâtiments le mettaient mal à l'aise et lui donnait l'impression d'être ... Gros et gênant. Rien de mieux que ces grands espaces. Mais la forêt apparu à ses yeux de reptiles.

Il décida de se poser en douceur et s'aventura parmi les arbres et les buissons. L'air y était humide et une odeur de mousse parvint à ses narines, Möe inspira profondément. La terre, elle, quasiment sèche gardait les empreintes de ses pas. Il observa les marques puis reprit sa route, il ne lui fallait pas beaucoup pour être de bonne humeur !

Son poids ne lui permettait pas d'être discret, les branches même les plus grosses se craquaient sous lui telle une allumette. Les arbres vacillaient quand il les cognait, il se retrouva même bloqué entre deux arbres. Ses ailes ne passaient pas. Il observa les alentours en silence cherchant un moyen pour se libérer. Personne ... Möe reporta son attention sur ses ailes puis expira longuement comme s'il avait s'agit d'un soupir. Être un dragon avait des avantages mais, dans ce cas-là pas du tout. Il secoua la tête agacé par cette prison de fortune puis se mit à reculer. Ça n'est qu'au bout de quelques instants qu'il parvint à se dégager. Toute cette mésaventure lui avait fait perdre la notion du lieu où il se trouvait et du temps.

Une curieuse odeur le sortis de son agacement, une odeur de brûlé oui ! Il ne crachait du feu que depuis peu de temps mais, cet arôme était solidement encré en lui telle son envie de liberté et de combat.

Une voix se fit entendre, une voix d'homme apparemment.

- Avant d'approcher d'avantage dîtes moi qui vous êtes et vos intentions.

Si le bleuté avait été humain il aurait rit. La situation allait être assez comique il fallait le dire. Un homme là, en train de parler à un dragon, sans le savoir, avec une épée à la main et qui lui demandait de se présenter. Le dragon attendit quelques instants puis finit pas s'aventurer hors de la peine ombre qui le dissimulait à l'individu. Effectivement il s'agissait bien d'un homme. Les yeux clairs, cheveux châtains et cette fameuse épée. Möebius grogna en voyant qu'elle était brandit fasse à lui. Avait-il l'intention de l'attaquer ? SI c'était le cas le reptile étendit son long cou vers l'humain pour la lui confisquer. Mais durant ce geste il garda son regard glacial rivé sur lui. Une sorte d'avertissement : au moindre mouvement suspect c'est toi qui finira derrière une lame, pas une épée mais plusieurs rangées de dents et un jet de flamme.

Je ... Je m'excuse. Je ne pouvais pas savoir que vous étiez un dragon ... c'est juste que je suis prudent.

Il valait mieux être prudent oui, songea le dragon en se redressant. Les temps sont de plus en plus durs et le jour viendra où personne ni même les dragons ne seront en sécurité. C'était la triste vérité sur Armanda, c'était en fait déjà le cas avec le débarquement des Alayiens ... Le bleuté fixa le sol perdu dans ses pensées sur le fait que la vie était devenu bien étrange.

Mais, le moment était mal choisi pour parler du sort des habitants de cette terre alors qu'un jeune homme se tenait face à lui, une branche incandescente tout juste sortie des flammes. Möebius resta campé sur ses positions et le jeune inconnu resta sur la même phrase d'excuses. Cela n'empêcha pas le reptile de manifester son mécontentement par des grognements.

On devrait peut-être recommencer les présentations non ? Je me nomme Ian Rolnir et j'ai ... 16 ans je crois. J'ai dû perdre la notion du temps.

Le bleuté fut presque choqué par le jeune âge du garçon, il en perdit sa méfiance en l'espace d'une seconde. Comment se pouvait-il qu'une si jeune personne manie déjà les armes, évolue seule en pleine forêt comme si de rien était. Armanda avait trop changé. Cela en devait désespérant mais, après tout la guerre était d'actualité ...

Si vous ne souhaitez pas me dire le vôtre pourriez-vous au moins me rendre mon épée ? Je ne veux pas vous attaquer pour la simple raison que j'en suis incapable. Pour dire vrai je me demande si je ne rêve pas là.

Le petit Ian semblait avoir la tête sur les épaules. Les dragons sont parmi les créatures les plus dangereuses en ce monde, s'attaquer à eux n'était pas chose facile, c'était même à ses risques et périls. D'ailleurs les reptiles ailés sur Armanda n'étaient pas des plus aimables. D'après les dire de son dragonnier, la plupart étaient rancuniers et vicieux. Pour dire vrai, Möebius se méfiait bien plus de ses semblables que des hommes. Sa perte de mémoire ne le rassurait pas non plus. Qu'elles étaient ses affinités avec les autres écailleux ? Il n'avait pas non plus pris en compte le fait que certains soient alliés aux vampires et d'autres aux elfes. Il s'agissait donc d'une douce énigme qui n'avait pas l'intention de disparaître. Après cette brève pensée aux siens Möebius reporta son attention sur le jeune garçon face à lui.

En plein rêve ? Cela signifiait qu'il n'avait jamais vu de dragons, d'où sa méfiance envers Möe. Le bleuté se sentit soudain flatté par cette hypothèse, ce Ian ne semblait pas non plus méchant. D'ailleurs, il n'avait pas prêté attention à la race au-quelle il appartenait. Un bref regard vers ses oreilles lui confirma qu'il n'était pas un elfe. Un vampire non plus, il ne faisait pas nuit. L'éventualité qu'il s'agisse d'un dragonnier n'était même pas à considérer puisqu'il avait d'une certaine façon avoué que Möebius était le premier dragon qu'il voyait.

Un simple humain donc ? Que pouvait-il craindre de lui ? Pas grande chose, cela ne devait pas faire très longtemps qu'il maniait les armes vues sa nervosité lorsqu'il avait entendu le dragon au loin. D'humeur clémente l'écailleux alla récupérer la lame en la prenant dans sa gueule puis la tendit à son propriétaire. D'un murmure il lui communiqua son nom.

- Möebius ... C'est ainsi que je me nomme.

Lorsque le jeune garçon récupéra son épée, il donna l'impression au dragon de n'être qu'un enfant en extase devant un jouet que l'on vient de lui offrir. Il rangea son arme avec encore plus de délicatesse que quand il la reprit. Cela eu le dont de faire plaisir au reptile, d'une part il ne comptait pas se servir de sa lame mais, il s'agissait plutôt de l'enthousiasme. Dans ses yeux se lisaient de la joie et de l'admiration. Enfin un peu de gaieté ! Möebius en avait bien besoin. Finalement, il ne comprenait pas pourquoi il n'avait pas senti cette joie de vivre quelques instants plutôt. Cela lui aurait évité de faire peur à ce pauvre Ian.

Oui je ne pourrais jamais blesser le moindre dragon dans ma vie ... et cela même si ce dernier était attaché devant moi. Pour moi ... vous représentez la liberté, le rêve et l'espoir.

Si vous le souhaitez je peux répondre à n'importe laquelle ou presque de vos questions mais si vous n'en voyez pas d’inconvénient j'aimerais vous en poser une seul en premier. De quoi un dragon rêve lorsqu'il dort? Pas que c'est la question la plus intéressante que j'ai mais j'aimerais vraiment le savoir. Après vous n'êtes pas obliger de me répondre.

Plus les minutes passaient plus l'image de Ian dans le coeur du bleuté se valorisait et ne faisait qu'étinceler telle une étoile. Après peut-être se trompait-il sur les intentions du garçon mais, pour le moment il apparaissait plus comme un allié qu'un ennemi, ce qui était déjà une bonne nouvelle. Sa perte de mémoire lui avait fait remarqué qu'il ne savait plus qui était ses amis et ses ennemis. Il était urgent de compléter la liste des adversaires celle des amis, c'était moins pressant mais tout aussi indispensable. Comment savoir à qui s'adresser et qui protéger lors d'une bataille ?

Après cette réflexion sur les alliances, Möe reporta son attention sur Ian. C'était incroyable ... Il ne semblait pas avoir seize ans, ne semblait pas être un solitaire armé, plus un enfant en bas-âge à qui la mère racontait des histoires sur les dragons avant de s'endormir. Oui Ian donnait plus cette impression. Le dragon plongea son regard dans le sien te répondit avec simplicité.

- Oui les dragons rêvent ... Pour ma part, ce sont des instants forts qui reviennent la nuit. Des moments de conflits mais de joie aussi. Comme le fait d'avoir retrouver mon dragonnier ...

Mais le jour viendra ou tous ses cauchemars cesseront et laisseront la place à ses souvenirs disparus. Qu'il avait hâte ... Il chérissait ses récents souvenirs qu'il s'agisse de mauvais ou bons instants, car après tout n'était-ce pas tout ce qui lui resterait ?

Le bleuté sorti de ses rêveries pour questionner le garçon :

- Je t'inspire la liberté, le rêve et l'espoir ... Merci pour ces mots. Peu de personnes ont osé me dire ce qu'il pensait, encore moins avec une telle franchise. Par contre que fais-tu ici ? Ça n'est pas prudent.

Des rumeurs circulaient que des voyageurs disparaissaient durant leur chemin, il sera regrettable que Ian subisse le même sort. Möe ne le connaissait que depuis quelques minutes et pourtant il avait déjà de l'estime pour lui : être seul ici sans personne. C'était soit de l’inconscience ou de la témérité. Möe ajouta encore quelque chose :

- Toi aussi, tu peux me questionner sur le sujet qu'il te plaira d'aborder avec moi.

Et le dragon patienta en observant le lieu ou Ian avait installé son campement de fortune. Rien de particulier ... Quelques bûches tout au plus. Mais l'odeur de viande titillait les narines du reptile, il y en avait assez pour l'émoustiller mais, pas assez pour faire un vrai repas. Si l'occasion se présentait le bleuté rendrait un service en allant chasser. Après tout il lui devait bien ça, jamais quelqu'un n'avait été aussi gentil avait le dragon enfin ... Récemment.

La mort ... c'est la mort qui m'a conduit ici et c'est encore elle qui m'oblige à vivre en ne me prenant pas. En restant ici je remplie une promesse faîtes à moi même. La chasse est simple ici. Si vous souhaitez des détails je vous les donnerez..

Le bleuté resta calme malgré la tristesse qui se faisait de plus en plus présente, autant dans son timbre de voix que dans ses paroles. Ian donnait l'impression de souffrir depuis toujours, que rien ne pourrait le consoler ou simplement l'apaiser. Il ne faisait pas pitié mais, il était difficile de ne pas éprouver de la compassion envers un jeune garçon de seize ans totalement désemparé. Il avait bien tenté d'essuyer une larme pour la cacher au dragon pourtant, c'était peine perdue. Les yeux de Möe sont fait de façon à apercevoir la moindre proie, le moindre geste, même le plus infime et depuis les cieux tel un aigle cherchant son déjeuné. Autant dire que la larme n'avait pas échappée au regard du bleuté.

Le dragon ne savait d'ailleurs pas quoi répondre après une telle révélation, le silence s'installa mettant l'un et l'autre mal à l'aise. Ce fut Ian qui rompit ce calme plat.

Dîtes ... est-ce vraie que personne ne vous parle avec franchise ?

Sa voix enfantine ne faisait que mettre en évidence sa tristesse et son malheur. Möe pensa à un gamin qui pleurait à chaud de larme en pleine rue, car il venait de perdre sa mère. Seul au milieu de tous, tant de personnes au milieu de cette rue et aucune ne s'arrêterait pour venir consoler le petit, le laissant là désemparé.

Gentil et compréhensif, le dragon ne répondit pas à sa question, du moins pas tout de suite, il vînt coller son museau contre la joue de Ian. Durant ce court instant il ferma les yeux en respirant calmement. Il ne voyait rien d'autre pour lui remonter le moral, de nature protecteur il ne supportait guère que les personnes souffrent et encore moins sous ses yeux. Rester là sans rien faire, il ne l'avait jamais fais et ne comptait certainement pas commencer aujourd'hui ! L'esprit de Ian était venu à lui, cependant le bleuté n'accepta pas de partager ses propres sentiments et émotions avec lui. Il s'agissait tout de même d'inconnu, le seul qui pouvait privilégier de ce partage était son dragonnier Elrond. Le lien qui les unissait suffisait à ne pas utiliser les mots pour comprendre l'autre. Mais pour déceler la tristesse de Ian il n'était pas nécessaire d'être son lié, elle était bien trop grande et profonde pour rester cacher aux yeux dy dragon.

Après ce léger contact il se recula en le regardant puis finit enfin par lui répondre.

- Je suis un dragon, beaucoup pense que je me vexerais s'ils osaient me dire le fond de leurs pensées et que je les mangerais. Alors par méfiance ils préfèrent s'abstenir.

Cela dit les personnes dont parlaient Möebius avaient raison, en quelque sorte, de se méfier de lui. Si les rôles étaient inversés, Möe aurait certainement eu peur face à cette immense masse musculaire de quelques tonnes, de plusieurs mètres de haut et d'envergure. Mais, ce qui était navrant c'était de mettre tous les dragons dans le même sac, comme si tous étaient cruels et aimant faire souffrir. Non ... Jamais Möebius serait ainsi, jamais ...

Si vous aviez souhaiter me tuer, vous l'auriez fait après m'avoir voler mon arme non? N'importe quel dragon qui se vexerait pour les compliments que je vous fait, se vexerait beaucoup plus pour ce geste. De tout de façon même si cela était faux je l'aurais dit car j'en avais vraiment besoin. J'ai pris la résolution de le dire au premier dragon que je verrais ... et je n'ai pas pour habitude de ne pas respecter ma parole.

En voilà un au moins qui avait le sens de l'honneur. Ce qui eu le don de faire plaisir à Möe, l'honneur ... Certains ne voyaient en ce mot qu'un synonyme de faiblesse, ils ont bien tort. Ceci dit le dragon reporta son attention sur les autres paroles du garçon. Le dragon avait vu juste, ainsi dont Ian avait toujours rêvé de croiser le chemin d'une de ces reptiles. Voici une bonne chose de fait. Croiser le chemin d'un humain était chose commune pour le bleuté, mais d'un humain compréhensif et gentil, c'était déjà un peu plus rare.

Bon ... maintenant j'ai quelque-chose d'important à vous dire ... est-ce que, si je vous parlait plus j'aurais la moindre chance de devenir votre ami.

Möebius ouvrit grand les yeux face à cette demande des plus ... Surprenante. Non pas que sympathiser avec Ian le dérangeait non. Mais sa franchise le troublait. Il était clair que Möe n'avait aucunement l'intention de lui faire de mal, mais parler ainsi ... Peu de personne l'aurait fait même après tout les arguments que le bleuté aurait lancé pour rassurer.

Cette demande lui mit du baume au coeur, cela faisait déjà un mot qu'il ne possédait plus aucun souvenir. Avec son nouvel ami ce vide se comblera vite, il en avait la certitude.

- Avec joie, lui intima-t-il par télépathie.

Il s'approcha une nouvelle fois pour venir loger son museau dans le cou du jeune garçon en fermant les yeux

Je ne sais pas comment vous remercier. Cela fait tellement longtemps que je cherche un dragon que je commençait à croire que je n'avais jamais de chance. Voila qu'au bout de deux ans de recherche Je tombe sur quelqu'un qui me dit que je pourrais l'aider en rencontrant un certains dragon. Ce n'est pas vous j'en suis sûr. Ensuite une personne du nom de Tobold me guide vers des endroit tout simplement magnifique où je pense repartir un jour. Maintenant j'ai la chance d'être votre ami. Je pense que j'ai à nouveau le droit d'avoir un bonne vie. J’avais raison au sujet des dragons.

Möebius le regarda après s'être reculé. Tout cet excès d'affection le mettait mal à l'aise. C'était étrange à vrai dire, Ian était encore totalement inconnu à ses yeux. Mais sa douceur et sa gentillesse avaient pris le dessus. Réfléchit et prudent il avait eu raison du grand bleuté.

Mais ce beau et long discours ne lui semblait pas adresser, Möe le senti. Il ne savait pas ce que ce Ian avait vécu auparavant mais, ça ne devait pas être une partie de rigolade. Le reptile aurait aimé savoir mais, il s'agissait d'un terrain glissant, ou tout simplement de sujet que l'on n'abordait pas lors d'une première rencontre.

Il n'y avait pas grand-chose à faire. Le silence se faisait lourd, pesant voir quasi-insupportable. Möe se mit à vaquer à travers le camp de fortune de son nouvel ami. Il aurait aimé faire quelque chose pour lui. Cependant, aucune idée ne lui vînt à l'esprit ... Du moins jusqu'à ce qu'il pose ses yeux sur le feu sur le point de s'éteindre, il ne pouvait pas le rallumer tel un dragon expérimenté. Pourtant, il voulait essayer. Möebius approcha son museau et souffla un gaz verdâtre. Sa nature attisa tellement les flammes mourantes que de la fumée vînt lui chatouiller les narines. Il éternua dans un vacarme assez ... Surprenant, qui aurait cru que les dragons pouvaient éternuer ? Lui-même avait eu des doutes à vrai dire. Le mélange de gaz vert foncé et la fumée noire ne faisait pas un mélange de choix, pris de picotement, le bleuté frotta son museau sur son aile droite.

Une fois ce petit incident résolu il s'allongea sur le flanc pour observer les flammes crépiter. Il communiqua par télépathie avec Ian sans détacher son regard du foyer ardent.

- Pourquoi as-tu cherché quelqu'un pour te guider jusqu'à l'un de mes semblables ? Rencontrer un dragon devait t'apporter quelque chose ?

Après ce petit incident de parcours, Möebius avait bien vu que le garçon tentait vainement de résister à la tentation. Ce comportement lui plut, car après tout cela signifiait qu'il ne voulait pas le vexer. Cependant, un fou rire gagna le garçon tant et si bien que Möe croyait que celui-ci ne s'arrêterait jamais. C'était touchant de le voir ainsi tel un enfant ... Oui Ian était plus un enfant qu'autre chose finalement. Néanmoins, le bleuté restait tout de même vexer par ce fou rire. Après tout il était bel et bien en train de se moquer de lui non ? C'est pourquoi il soupira bruyamment pour exprimer son mécontentement, l'écailleux en avait presque oublié la question qu'il avait posé précédemment. Mais qu'importe. Le garçon s'arrêta de rire quelques instants après et ajouta en frottant nerveusement l'arrière de sa tête

Je suis vraiment désolé ... je n'ai pas pu m'en empêcher. Pour ce qui en est de la question, la rencontre avec un dragon devait simplement m'apporter le bonheur ... je pense que c'est chose faîte désormais. Je ne savais pas que les dragons savait éternuer. Encore désolé.

À vrai dire, Möebius ignorait aussi qu'il était capable d'une telle chose. Au moins cette situation lui avait appris cela. Les excuses de Ian furent immédiatement accepter par le dragon une fois celles-ci prononcées. Le bleuté avait ressenti un léger pincement à son amour propre, car il est assez rare de voir un dragon se ridiculiser lui-même. Qui a déjà vu un dragon jouer avec sa propre queue ? Seuls les dragonniers pourraient répondre à cette question. C'est une situation assez ... Mignonne à regarder oui mais, pour le dragon, une fois que celui-ci à retrouver ses esprits ça n'est plus mignon, juste embarrassant. Tout comme Möe est en ce moment : embarrassé de s'être montrer sous ce jour, malgré que Ian soit son ami.

Je ferait peut-être mieux de remettre un peu de bois non? Je vais aller prendre des branchages qui serait tomber à terre.

Le bleuté acquiesça d'un hochement de tête. Le gaz qu'il avait projeté sur le foyer avait réanimer le feu mais, seulement pour quelques minutes. Et le dragon craignait de ne pas être capable de cracher du feu si le garçon le lui demandait. Lors d'instants angoissants, dangereux oui là il le pouvait. En temps normal son jeune âge reprenait le dessus. Il n'y pouvait rien mais, ça ne l'empêchait pas de s'en vouloir profondément, car son incapacité ou son manque d'entraînements pouvait causer des dommages qui seraient irréparables. C'est dans ses moments qu'il se détestait, qu'il voulait se transformer en souris pour s'enfuir ...

Pendant que Ian s'absentait, il étendit son long cou au sol et pris une meilleure position : il se redressa légèrement pour venir s'allonger sur le ventre et laisser tomber ses ailes autour de lui. Elrond aurait certainement aimé être à ses côtés et venir s'emmitoufler sous ses ailes. Le temps ou c'était Möe qui se blottissait contre son dragonnier était bien loin ... Il avait hâte de retrouver ses souvenirs. Se remémorer à quel point il était bien avec son lié, qu'il avait toujours été là pour le protéger.

Des bruits de pas attirèrent l'attention du reptile qui releva la tête, l'odeur avait confirmé que c'était Ian et la vue aussi. Rien à signaler : l'écailleux se repositionna allonger de tout son long derrière le brasier qui avait reprit un peu d 'éclat et de vie.

Au fait, j'ai toujours voulu en savoir plus sur vous et je me demandais si vous pouviez m'en dire plus sur votre vie. Je comprendrais si vous ne le souhaitez pas.

Möe ferma les yeux un court instant pour chercher la meilleure façon d'annoncer à son ami son amnésie. Il aurait aimé pouvoir lui raconter sa vie, ses aventures plus ou moins glorieuses ainsi que son enfance. Mais tout ceci était recouvert d'un voile noir, dont le créateur était l'esprit du Néant. Möebius rouvrit les yeux pour fixer Ian, son regard était empli de tristesse. Il communiqua par télépathie avec le jeune garçon tout en prenant soin de garder ses émotions et son ressenti pour lui.

- J'aimerais sincèrement te raconter des histoires, mes aventures plus ou moins glorieuses ... Mais je suis ... Je ne me souviens de rien. Après un combat contre un esprit, il m'a jeté à mon dragonnier et moi-même une malédiction. Depuis lors tous mes souvenirs s'en sont allés. Je peine à les retrouver, quant à mon dragonnier il est ... Pris de douleur qui l'empêche de marcher, par moment il ne parle presque plus.

Sur cet aveu il détourna le regard pour ne pas infliger un tel spectacle à son ami, le voir souffrir. Il ajouta :

- Mon dragonnier a fait tant d'efforts pour m'aider à me souvenir. Il a pris le temps de me raconter des passages de notre vie commune, car je suis né dans ses mains ... Il m'a conté notre combat autrement ... Rien de plus que cela.

Le regard rivé sur la forêt il observa la lumière dessinait les courbes de chaque feuille, chaque branche. Le bleuté n'avait rien de plus à faire que ceci. Exhibé ses sentiments et ses émotions il ne le faisait qu'avec son dragonnier et encore il gardait une partie pour lui. Jeter tout son malheur sur les épaules de son lié, ne ferait que l'ennuyer davantage : et lui ferait comprendre que tout est de sa faute. Ce qui n'était absolument pas les intentions du dragon. Son devoir était de protéger et de servir son sylvain. C'était ça, la raison de sa venue au monde parmi le royaume des elfes.

Un silence lourd, pesant s'immisça entre les deux compagnons, qui étaient toujours installés au coin du feu. Le crépitement des flammes, le bruit du bois se transformant en cendre et l'odeur de brûlé mettait comme du baume au coeur du reptile, ou du moins le distrayait. Il était impatient de cracher des flammes et de créer lui-même cette chaleur. Il n'avait peut-être plus de souvenir, mais il était sûr que son dragonnier avait tenter de lui apprendre bien des choses comme : comment lui avait-il appris à voler ? L'avait-il laisser faire ou plutôt à l'aider d'une proie pour motiver le reptile ? Pour cracher des flammes, le bleuté savait-il le faire avant son amnésie ? Son dragonnier avait-il trouvé une astuce pour le lui apprendre ? Tant de questions qui n'obtiendraient peut-être jamais de réponses, sauf si par miracle il recouvrait la mémoire. L'écailleux songeait de plus en plus sérieusement à se cogner la tête contre un rocher. D'après de multiples histoires qu'il avait entendu çà et là, des hommes avaient réussi à se remémorer des choses après le choc. Qui ne tentait rien n'avait rien. Le bleuté releva son long cou et observa les alentours, des rochers, ils y en avaient partout mais, au moins ou Möebius en avait besoin, là il n'y en avait plus ! C'était désespérant ...

Je suis ... désolé de ce que j'ai fait. Je me comporte vraiment comme un enfant pas vraie?
Après tout, je le fais pour éviter de succomber à la folie et au suicide. Au moins vous pouvez récupérer votre mémoire un jour alors que moi j'ai tout perdu et je ne retrouverai jamais les être qui m'étaient cher. Au lieu de penser à ce que vous avez perdu ... penser plutôt à ce que vous avez mais n'oubliez pas votre malheur pour autant. Encore désolé.

Visiblement les sujets sensibles avaient tous été atteints et refaisaient surgir une vieille douleur que les deux amis avaient espéré ne plus jamais revivre. Dans ses paroles Ian avaient raison : peut-être bien qu'un jour le dragon recouvrait la mémoire et que de cette façon il pourrait recontacter les gens qu'il avaient oublié. Une chose était sur : le bleuté avait fait preuve de maladresse. Le garçon avait évoqué quelques instants plus tôt que la douleur l'avait consumé, lui aussi. Möebius de nature si peu loquace tentait de faire des efforts pour parler plus fréquemment, mais cette fois-ci il aurait mieux fait de rester dans le silence et parler d'autre chose. Lui aussi s'en voulait.

Mais cette douleur commune fît prendre conscience que Möe avait une chance incroyable : quelle personne rencontré une demi-heure auparavant aurait réagit avec autant de franchise et de compassion ? Très peu certainement. Beaucoup aurait répondu un simple désolé, alors que Ian se confondait tellement en excuse que la tristesse quitta Möe pour être remplacer par de la joie.

Le dragon se tourna vers Ian et étendit son cou pour venir pincer son vêtement. De ce fait il tira le garçon vers lui. Oh non il ne souhaitait pas le couver comme il l'aurait sans doute fait avec son dragonnier. Juste le réconforter un instant. Il garda Ian contre son épaule le temps que celui-ci se calme. Dans le meilleur des cas il câlinerait l'écailleux pour le remercier de sa gentillesse. Möe n'attendait pas spécialement d'excuse, juste que le garçon, qui malgré les apparences cachait une âme d'enfant s’apaise. Un enfant ... Le bleuté se surprit à associer Ian avec un enfant de quatre ans. Dire qu'en réalité le dragon était bien plus jeune que le garçon. L'écailleux allait sur ses trois ans.

Möebius supposa que cet excès de tendresse devait venir du manque ressentit ses cinq derniers mois. Son dragonnier ayant tant souffert ne pouvait plus se pré-occuper de son lié. Du moins pas autant qu'avant. Tout ses efforts pour que l'écailleux recouvre la mémoire fonctionnait, mais les deux compagnons n'avaient pas vraiment pris le temps de discuter de leur lien d'autrefois. Le fait que l'elfe était venu à lui en se présentant comme son dragonnier l'avait quelque peu troublé. Mais au fond il avait été heureux de ne pas être seul dans sa douleur. C'était égoiste de sa part ... Réclamer plus d'attention alors que son lié souffrait.

Möebius ne se rabattait pas sur Ian par manque de choix non ! Mais ... C'était assez difficile à expliquer. Ian lui avait bien fait comprendre que la rencontre avec un dragon le rendrait heureux ... Dans ce cas pour se faire pardonner, le bleuté tenterait tout les moyens nécessaires pour que le jeune homme retrouve le sourire.

- Je te pardonne Ian.

Sur ses paroles, le reptile souffla à de nombreuses reprises sur le visage du garçon pour le forcer à sourire. Il alla même jusqu'à lui mâchouiller son haut et ses cheveux. Cela l'agaçerait certainement mais c'était les seules choses dont était capable le dragon pour consoler son ami.

Merci beaucoup Möebius ... au fait, si jamais vous avez besoin de moi un jour il ne faut pas hésiter à demander. Je serai d'accord n'importe quand et n'importe où il suffit de demander.

Il avait bien un souhait qui lui tenait à coeur plus que tout le reste mais, Ian n'était qu'un simple humain. Cependant, le bleuté avait décidé de faire confiance en sa parole : garder espoir pour que sa mémoire revienne. Cela ne serait certainement pas chose aisée mais, cette quête en valait la peine. Möe avait des choses à perdre oui mais, il avait tellement envie d'essayer. Rien que se souvenir de son enfance, quand Elrond venait le voir et le câliner telle une peluche. Quand il était encore capable de rentrer dans sa maison aussi. Il eut un léger amusement en pensant qu'il avait certainement dû casser des objets de valeur sous les yeux de son lié. C'était les joies de la jeunesse : maladresse et innocence.

Mais, Möebius agit parfois tel un vieux dragon mais au fond de lui brûle une flamme, celle de la joie de vivre. Il préfère se contenir, sa taille ne lui permet pas de gambader et de faire l'innocent comme pourrait le faire Ian. L'écailleux enviait presque le bipède. Ce qui donnait une raison supplémentaire au dragon pour mâchouiller ses affaires jusqu'à ce que le propriétaire réagisse. Ses vêtements n'étaient guère des plus solides aussi, Möe prit soin de ne pas trop tirer sur le malheureux tissu qui subissait les coups de crocs depuis déjà quelques instants. Finalement, cette joie de vivre emportait le dragon, comme une feuille est emportée par le courant d'une rivière : il finit par tirer de plus en plus fort presque au point de faire tomber Ian. Cet égarement de sa part allait peut-être l'amuser qui sait ?

Sinon le premier devoir en tant qu'ami, serait de l'aider à retrouver une chemise ... Finalement, après plusieurs bonnes minutes le dragon lâcha prise plutôt fier de lui : la chemise avait certes une drôle de forme avec cause des crocs de l'écailleux mais au moins celle-ci n'était pas déchirée. Möe laissa sa longue langue fourchue et bleutée passer entre ses crocs pour venir siffler tel un serpent. Il ne savait pas si autrefois il était capable de faire ça mais, aujourd'hui c'était différent. Ceci pourrait être une bonne action pour menacer les adversaires à venir.

Une question vînt au dragon et il ne s'attarda pas, il la lui communiqua par télépathie :

- Avez-vous des amis mis à par moi ? Des bipèdes comme vous ...

Il craignait que la réponse ne replonge Ian dans la tristesse mais, il lui fallait une réponse. Le dragon se mit à patienter que la réponse lui parvienne et s'il le fallait l'écailleux se confondrait une nouvelle fois en excuse. Mais au fond de lui, la peine pour Ian avait déjà germer en lui comme s'il connaissait déjà la réponse. Mais, il espérait se tromper.

- Je ne sais pas trop. Je ne sais pas si je peux considérer certaines personnes comme amis ou non. En même temps cela ne fait que quelques jours que je me suis remis à parler à d'autre personnes alors franchement ce serait plutôt le fait que je me sois fait des amis si vite qui me choquerait. Après certains on vu ma face caché lorsque je me sens vraiment en danger de mort mais là c'est une toute autre histoire.Je me suis forcé à l'exil alors j'en assume les conséquences.

Möebius resta silencieux et attentif face au discours de son ami. Il était donc capable de cela : s'exiler loin de tous sans en évaluer les conséquences et les risques ? À moins qu'il les ai envisagé, ce qui semblait plus logique que de s'enfuir comme ça, tête baissée. Le dragon se concentra sur lui-même se demandant s'il serait capable de faire une telle chose, si le destin le décidait bien sur. Se retrouver seul ? Il y songea encore et cela lui serait certainement impossible. Un lien puissant le rattachait à jamais à Elrond. Ce qui en un sens était une bonne nouvelle, jamais ni l'un ni l'autre ne serait seul si l'autre est en vie. Partir et abandonner son cavalier était tout juste impensable ! Jamais plus il n'envisagerait de le quitter. Cette malédiction les avait déjà que trop éloigné, pas la peine d'en rajouter.

Möebius aurait été rassuré Ian, lui dire qu'il serait toujours à ses côtés, mais encore une fois cela ne se ferait pas. Néanmoins, en cas de problème le bleuté pourrait intervenir et si besoin est, de faire appeler à son lié pour l'épauler. C'est ainsi que le jeune Ian et Elrond se rencontreraient ? Cela pourrait se solder par une amitié à trois. Même si Elrond avait sans aucun doute ses défauts il n'en restait pas moins adorable, quant à Ian, il était touchant tel un enfant serrant sa peluche contre lui. Si celui-ci avait réellement seize ans, cela ne se voyait vraiment pas au premier coup d'oeil. Il fallait le savoir pour le croire !

Après toutes ses hypothèses sur la rencontre futur du jeune homme et de son partenaire, Möebius se concentra sur une partie de ce qu'avait dit le jeune garçon. Une face cachée ? Finalement, il les faisait peut-être ses seize printemps. Le bleuté se redressa en cherchant de quoi il pourrait bien s'agir. Était-il violent ? Fourbe ? Voleur ? Ou assassin ? Si tel était le cas, pour l'un ou pour l'autre, dans cette facette de sa personnalité tel qu'il était pour le moment, il était un garçon charmant, Möebius en le voyant n'avait pas vraiment senti qu'il risquait d'y avoir quelque chose en plus ... Mais sa méfiance lors du premier abord se justifiait désormais.

- Et qu'en est-il de vous alors? Vous avez des amis? Je sais que vous m'avez déjà fait part de votre lié mais j'aimerai savoir ... et si la réponse est non alors je m'excuse.

Le dragon fixa le sol pour tenter de ne pas se laisser submergé par l'émotion. Où il fut un temps ou celui-ci avait des amis, quelques-uns se remémoraient son existence, mais les autres. À croire que cela leur était égal de comment pouvait se porter le dragon Möe, mais le bleuté préférait se dire qu'ils étaient certainement très occupé avec l'invasion alayienne et bien d'autres événements à venir. Tous ces changements rompaient des liens et tout ce qui allait avec : des familles se séparaient, des enfants devenaient orphelins et leurs agresseurs se satisfaisaient de cela. Quant aux marchands ils s'enrichissaient sous l'effort de guerre. Comme le monde était cruel ... Certains disparaissaient et peu s'en inquiétait. Comme se fut le cas pour Möebius et Ian. Möe leva la tête pour le regarder. Ses traits doux et enfantin ne pouvait pas avoir été déformé par les horreurs de la guerre, du moins l'écailleux n'arrivait pas à se l'imaginer. Après tout c'était peut-être préférable ... Le dragon calma cette effusion d'images toutes plus horribles les une que les autres et se concentra sur sa réponse. Son esprit toujours connecté à celui de Ian lui intima une réponse sans troubler le silence qui les avait envahi, il y a de cela quelques minutes.

- Mon lié est tout ce que j'ai ... Il y a bien quelques connaissances, mais ils sont loin, occupés certainement. Mais cela ne fait rien. Il vaut mieux profité des petits liens que l'on tisse avec d'autres que de ressasser des affections perdues.

À la fin de sa réponse, le dragon se surpris lui-même sur le fait qu'il est positivé plutôt que l'inverse. En un sens il avait eu raison, plonger Ian dans la déprime n'était pas son objectif et ne l'aiderait certainement pas à aller de l'avant. Malgré cette situation critique, les deux étaient vivants, avec des personnes sur qui ils pouvaient compter. Si l'occasion se présentait Möe ferait tout son possible pour apporter cedont son ami aurait besoin. La vie était semée de nombreux obstacles, pièges et traquenards, mais il est bien plus facile de les surmonter avec un compagnon à ses côtés. En y repensant, Ian c'était trouvé un compagnon d'arme de choix ! Qui, mis à part les dragonniers se battaient avec les dragons ? Certaines personnes dans leurs malheurs trouvent tout de même des choses positives. Le petit Ian faisait sans aucun doute parti de ce petit groupe de chanceux.

Vous-êtes vous déjà demandé d'où pouvait provenir les malheurs en ce monde? Je sais que vu la situation ce n'est pas un sujet à aborder mais pour moi, le silence et pire que tout ... sauf pour dormir évidemment.

Le dragon fut amusé par cette réplique. Contrairement à Ian, Möe appréciait le silence, cela lui permettait de réfléchir surtout et rien à la fois. En ce moment surtout sur rien ... Mais c'était la vie.

La remarque du jeune homme rappela Möe à quel point c'était vrai, le fait que Ian ressemble à un enfant. Il le pensait très fort et très régulièrement depuis le début de leur conversation. C'est-à-dire environ une bonne heure.

Le reptile ailé leva les yeux vers le ciel, il était malheureusement le temps de rentrer, on l'attendait surement. Et puis après tout il ne voyait plus ce qu'il y avait à dire désormais, tous les sujets importants auxquels l'un et l'autre avait pensé avait été abordé.

- Malheureusement le silence va être encore plus présent pour vous. Comme il se fait tard et j'aimerais retourner chez mon lié, de plus j'ai un peu faim.

Il n'y avait pas à dire les discussions intéressantes attisaient l'appétit autant que les vols chez le dragon. Cela lui avait fait le plus grand bien de rencontrer quelqu'un de nouveau, surtout de se rendre compte que certains avaient encore le coeur pur et noble. Ces qualités se faisaient de plus en plus rare en cette triste période sur Armanda. Mais qui sait, un jour de brave et honnête hommes reviendront et les conflits cesseront. Néanmoins, le bleuté n'en devenait pas naïf, bien sûr qu'il savait que tous ces changements mettraient du temps, que d'ici là, l'un comme l'autre ne serait peut-être plus de ce monde.

Au moins il aurait eu un ami en dehors de son lié. C'est alors que le dragon s'avança pour l'énième fois vers le jeune garçon, apposa son museau contre lui. Ce geste ressemblait étrangement à un câlin. Möe n'en avait jamais fait hormis son cavalier. Ian serait certainement le seul et unique être humain à avoir eu cet honneur.

Après quelques instants le dragon se redressa, mais ne s'éloigna pas tout de suite de ce cher Ian, il attendit qu'une réponse lui parvienne. Une promesse certainement, pour qu'un jour il se recroise et discute une nouvelle fois. Cela ferait sans doute très plaisir à Möe et pourquoi pas présenter ce cher Elrond à son ami humain. D'ailleurs, Ian avait-il déjà rencontrer un elfe ? Ce fut la question qui le préoccupa en attendant une éventuelle réponse de son ami.