Lianna se baladait dans les bois à mi-chemin entre Gloria et son village. D’apparence joyeuse et détendue, comme d’habitude, elle n’était en vérité que tourmentée par de sombres pensées. Cela faisait un moment qu’elle n’avait pas vu Anynduil, ni même eu de ses nouvelles, par contre elle avait des échos de guerres, de conflits, de mort et de désespoir. Les bandits sévissaient dans les contrées et la situation était plus que précaire en Gloria, partout sur Armanda. Et elle n’avait aucune nouvelle d’Anynduil… Qu’est-ce qui se passait ? Où était-il ? Dans quel état était-il ? Pensait-il à elle ? Reviendrait-il à ses côtés ? Enervée, frustrée, désespérée, terrifiée… Elle finit tout simplement par craquer et s’effondra près d’un ruisseau avant d’éclater en sanglot, se cachant le visage dans les mains… Ce n’était pas des sanglots qui délivraient l’âme, non : ils étaient lourds et acides, pesant sur son cœur, faisant naître une boule dans sa gorge pour l’étouffer. Elle se doutait bien que cela arriverait un jour, que cela serait compliqué avec lui, mais… Elle l’aimait de tout son être et elle avait peur, peur de voir disparaître cet être merveilleux qui venait de remplie sa vie de tant de bonheur, peur de voir mourir son bien-aimé. Pourquoi n’avait-elle donc aucunes nouvelle alors que chaque jour voyait apparaître des nouvelles de morts et de blessés, de victoires et de défaites ? Elle qui haïssait la guerre, voilà qu’elle allait épouser un guerrier qui était actuellement au front, en train de se battre pour ce qu’il croyait être juste.
Un bruit. Des branches qui craquent. Deux hommes d’aspect misérables qui la regardaient avec surprise avant de sourire avec… avidité ? gourmandise ? Paniquée, Lianna se releva brusquement et essaya de courir, hurlant au secours, sa démarche malheureusement pataude et lourde à cause de son pied brisé. Classique et qu’elle priait pour que cela n’arrive pas, elle finit par tomber par terre en se prenant son pied abîmé dans une racine à découvert. Quand ils posèrent ses mains sur elle, elle se revit lors du soir de sa majorité et elle éclata en sanglot effrayé, se débattant en criant et griffant, mordant les chaires nues, couvrant à peine les rires des bandits et ses vêtements qui commençaient à se déchirer sous la pression. Alors qu’elle croyait que c’en était fini d’elle, elle vit une fusée couleur mercure débouler dans la clairière à grand renfort de mugissement rauque, faisant fuir les malfaiteurs pour son plus grand soulagement.
Essuyant ses larmes qui ne cessaient pas de couler, Lianna se recroquevilla sur elle-même et regarda l’étrange créature qui ressemblait à Ashy sans être identique, serrant convulsivement ses habits en piètre état.
- M… merci… renifla-t-elle sans cesser de regarder la bête majestueuse.